Jean-Paul Ngassa : Le premier cinéaste camerounais

L’oubli est la ruse du diable !

Il y a un an nous quittait Jean-Paul Ngassa. En effet, il meurt le 5 janvier 2022, à Douala, des suites d’une longue maladie.

Figure oubliée du cinéma camerounais, Jean-Paul Ngassa est le tout premier cinéaste camerounais.

Jean-Paul Ngassa est né en 1939 à Bana Bafang, dans la région Ouest Cameroun, en pays bamiléké.

Diplômé de l’Institut français des hautes études cinématographiques de Paris (IDHEC) dans les années 50, il co-réalise avec Philippe Brunet le premier court métrage camerounais « Aventure en France » en 1962. Il y décrit en 26 minutes la vie des étudiants camerounais en métropole et montre comment les futurs cadres africains sont à la fois émerveillés et dépaysés par un pays aux nouveaux modes de vie.

En 1965, il réalise « la grande case Bamiléké », documentaire exceptionnel qui présente la reconstruction de la grande case en pays Bamiléké comme un acte de foi collectif et une merveille de l’architecture artisanale. En effet, on y aperçoit des hommes de Bandjoun s’affairer à reconstruction de la grande case. C’est probablement le tout premier documentaire de l’histoire du Cameroun réalisé par un Camerounais au Cameroun.

En 1970, il réalise “une nation est née”, un film documentaire de 90 minutes qui revient sur les dix ans de l’indépendance du Cameroun et la construction de la nationalité camerounaise.

Rentré au Cameroun pour servir son pays, il intègre l’administration et devient Haut fonctionnaire. Il devient le premier directeur de Cameroun Actualités, une structure parapublique de fabrication de films et des images, l’ancêtre du Fodic (Fonds de développement de l’industrie cinématographique) créée en 1973.

Jean Paul Ngassa

Animé par une volonté manifeste de révolutionner le cinéma camerounais, il va très vite déchanter. Il découvre les bassesses, les intrigues, la jalousie, la méchanceté et la main mise des politiciens sur des sujets qu’ils ne maîtrisent pourtant pas.

En effet, c’est à l’occasion de la création du Fonds de développement de l’Industrie cinématographique (FODIC) dont il est l’artisan qu’il est désillusionné. En effet, après avoir brillamment dirigé “Cameroun Actualités” et œuvré à la création du FODIC, il fut dégoûté de constater qu’à la place d’un cinéaste, le Président a préféré nommer un ingénieur agronome comme premier Directeur général d’une structure dont il avait conçu la vision.

Il va carrément se retirer du cinéma camerounais ceci explique pourquoi il n’a plus réalisé de films.

Il a mené l’essentiel de sa carrière au service du Ministère de l’Information et de la Culture.

pour se consacrer à l’administration du cinéma de la République fédérale du Cameroun puis au service du Ministère de l’Information et de la Culture où il fera la majeure partie de sa carrière.

Il a été le secrétaire général de Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI), de 1972 à 1976.

Il meurt le 5 janvier 2022 à Douala et laisse des œuvres d’anthologies qui traversent le temps.

Arol KETCH – 08.01.2022

Rat des archives

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