J’ai beaucoup pensé à toi et à tes réalisations cette nuit. C’est pour cela que je refais ce post.
A toi grand maître Jeannot Ekwalla, parce que je n’attendrai pas ta mort pour t’honorer.
Dans le milieu, on l’appelle affectueusement « Maestro » et ce n’est pas fortuit. Jeannot Ekwalla est vraisemblablement le plus grand auteur-compositeur de l’Histoire de la musique Camerounaise. Il a au bas mot des centaines de composition à son actif. Il a écrit des chansons pour un nombre incalculable d’artistes ; et continue de le faire. Ce parolier de génie a mis son talent au service des vedettes de la chanson. Ayant constaté qu’il n’était pas un excellement chanteur car n’ayant pas une bonne voix, il a eu l’humilité de se mettre au service des autres en leur donnant ses compositions au lieu de s’obstiner à chanter. « Il faut être honnête et franc. Je ne suis pas un chanteur. Je n’ai pas une bonne voix. Tout le monde peut chanter mais tout le monde ne peut pas bien chanter. Il faut avoir une belle voix, savoir chanter pour le faire. C’est justement par amour pour la musique que je ne chante pas » aime-t-il rappeler.
Son nom et même son visage sont peu connus des jeunes mélomanes de la génération actuelle et c’est grande injustice. Il mérite la reconnaissance nationale de son vivant. Sous d’autres cieux, il aurait été multimillionnaire compte tenu des succès qu’on connu et que connaissent ses multiples compositions. A titre d’exemple, Jean Jacques Goldman en France gagne près d’un million d’euros par année uniquement pour les chansons qu’il a composées.
Ekwalla Ekwalla Eyobe Jean Daniel est tombé dans la bassine de la musique très jeune. En effet, dès ses années d’enfance, il est séduit par le piano ; instrument qu’il se promet de maitriser. Alors que les enfants de son âge s’amusaient en jouant au football, aux billes, au cache-cache, le petit Ekwalla n’avait d’yeux que pour le piano de son père. En effet, son père possédait un harmonium sur lequel s’exerçait le petit « jeannot ». Son père Stéphane Ekwalla, ancien sous-préfet, mordu de musique, était maître de la chorale d’homme de Douala. Chez les Ekwalla, la musique est une histoire de famille.
Les parents de « Jeannot » seront affectés à Bafoussam, la capitale provinciale de l’Ouest. Là-bas, Jeannot fera des émules dans les cabarets aux côtés de Aladji Touré, Ebeny Donald Wesley notamment. Subjugué par son talent, Ebeny Donald Wesley le conseille et l’encourage dans son ambition musicale. Ekwalla ne tient pas sur place, il a la soif d’apprendre. C’est ainsi qu’on le retrouve à Kumba avec Johnny Tezano, puis à Lagos au Nigeria où il fait la rencontre de l’immense Fela Anikulapo Kuti (celui qui porte la mort dans sa gibecière) et joue avec un certain Tom Yom’s et un artiste engagé dénommé Lapiro de Mbanga. Il raconte : « J’étais le vice-chef d’orchestre […] Fela Ramson voyait comment je m’appliquais à faire comme lui et il était content. Il aimait le travail. Il m’a beaucoup formé, malheureusement il s’en est allé. Mon plus beau souvenir c’est au Nigéria. »
Après des années de vadrouille, il se décide enfin à regagner le domicile familial dans les années 80. Son père, heureux de retrouver l’enfant prodige, le place comme aide-comptable à l’Asecna. Mais l’homme est habité par le virus de la musique ; cumulativement à son emploi, il continue à faire la musique. A la suite d’une compression du personnel à l’Asecna, Jeannot Ekwala perd son emploi et peut désormais se consacrer à la musique à temps plein. Il s’impose comme le Grand maître incontesté des claviers et synthétiseurs. Il est sollicité de partout ; il arpente les cabarets et sillonne les villes du Cameroun. On le retrouve même au nord Cameroun. Il est le pionnier du piano bar au Cameroun.
Le premier opuscule en son nom, « Dibié na sontane » sort en 1995 et connait un succès. Cependant, Jeannot Ekwalla préfère l’ombre à la lumière des projecteurs. Il préfère mettre ses talents de compositeurs au service de ceux qui ont une belle voix. Il a été le propriétaire d’un cabaret huppé à Deido : la dominante ; cabaret dans lequel, il invitait tous les soirs les nombreuses vedettes de la chanson à se produire. Et lui étant au piano ; un véritable régal.
Il a composé des chansons pour plusieurs artistes camerounais : Bébé Manga, Henri Njoh, Pierre de Moussy, Cathy Ewandé, Marthe Zambo, Nadia Ewandè, Nguea la Route, Sissy Dipoko, Nicole Mara, Claudia Dikosso, Germaine Labelle, Ange Bagna, Marole Tchamba, Sergio Polo, Charlotte Dipanda, Mbangue Show, Grace Kama
Jeannot Ekwala a écrit plusieurs chansons à succès.
Le saviez-vous ? il est l’auteur des chansons suivantes : Malea Ma muto de Marthe Zambo, les Mêmes idées de Marthe Zambo, Lambo na lambo de Pierre de Moussy, Pardonne-moi de Sergeo Polo, Entre le cœur et la rancœur d’Ange Bagnia, Biyéy’a Mum’a ngo d’Henri Njoh, Lélé Mumi et avant toi de Cathy Ewandé, Jemea Longo de Bébé Manga et des centaines d’autres. Il considère le titre « Jemea Longo » comme étant la plus belle de ses compositions. Dans « Jemea Longo », il demande à Dieu que sa volonté soit faite sur la terre. En effet, il a composé cette chanson parce qu’il voyait beaucoup de mauvaises choses sur la terre : « Je fis un rêve la nuit, quelque chose de secret m’arriva… Qui bouleverse la pensée d’une personne. Je voulus crier et la voix refusa de sortir de ma gorge. Je sais que le malheur ne s’abattra pas sur la terre[…] ta volonté qu’elle soit faite au ciel et sur la terre » ( petite traduction d’une partie de la chanson en Français)
Très souvent, les artistes pour qui il a composé des chansons, ont été ingrats à son égard, ces derniers n’ont même pas mis son nom sur les pochettes de leurs albums. Par exemple, l’auteur compositeur qu’est Jeannot Ekwalla n’a pas touché un radis sur l’opus à succès Biyéy’a Mum’a ngo chanté par Henri Njoh. Morceau qu’il a pourtant écrit. Son nom ne figurait même pas sur la pochette. Le célèbre album « mélodie d’antan » d’Henri Njoh est essentiellement composé des compositions de Jeannot Ekwalla.
Il disait encore dans une interview parue en 2017 dans la voix du Koat : « J’ai composé des chansons pour plusieurs vedettes de la chanson Camerounaise mais pour vous dire la vérité, peu viennent me voir pour prendre des nouvelles. Très peu sont reconnaissants, je ne peux pas mentir à mon cœur. » et de renchérir : « Je ne vends pas de chansons. J’écris des chansons que je donne aux gens et ils doivent reconnaitre que je suis auteur-compositeur. Si quelqu’un peut me filer quelque chose, même un petit billet de 1000 Fcfa, je n’aurai pas de problème. C’est le geste qui compte. » « Jean-Jacques Goldman a écrit pour beaucoup d’artistes et tous le reconnaissent. Ici chez nous on ne veut pas dire que c’est Jeannot Ekwalla qui a composé. C’est difficile et ce n’est pas normal. Il faut savoir reconnaitre la valeur de l’autre. »
Jeannot Ekwalla a travaillé avec Richard Bona et les deux génies s’apprécient, s’admirent mutuellement.
Jeannot Ekwalla est un modèle d’humilité et de générosité. Il est resté humble et a toujours donné tout ce qu’il a. Il est disposé à partager son savoir avec la nouvelle génération. Il est resté en éveil et suis avec beaucoup d’intérêt ce que fait la nouvelle génération. Il a même dans sa gibecière une chanson pour l’artiste Daphnée.
Grand maître Jeannot Ekwalla, Dieu t’a donné un talent immense et tu as décidé de le mettre au service des autres. Et comme tu le dis dans la chanson Jemea Longo en t’adressant à Dieu : « Tu as fait de grandes choses, tu as donné du talent aux musiciens ; des miracles de toutes sortes , en temps de joie comme en temps de peine »
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Contacts pour l’avoir depuis le Cameroun
Yaoundé : 6 96 83 86 60
Douala : 6 55 51 37 31
Le livre est aussi disponible à la librairie des peuples noirs à Yaoundé, Montée SNI.
Contact pour l’avoir depuis la Diaspora
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