Maurice Njoumé – Le vivre ensemble : Anglophones United We stand ! Divided We Fall !

Scène surréaliste ce jour-là au quartier 7 à Mbanga. En cette matinée du mardi 16 mai 2017, un homme pris de colère ,asperge de carburant le domicile familial et y met du feu. Ce dernier ne s’est même pas soucié du sort des maisons environnantes. Après avoir commis son forfait, le pyromane reste impassible et observe le sinistre spectacle de l’embrasement sans réagir alors que tout le voisinage est en train de lutter comme de beaux diables contre les flammes. Avant de commettre son acte pyromane, le pyromane a pris le soin de sortir de la maison sa guitare et quelques disques.

L’homme qui vient de commettre de ce forfait est une icône de la musique camerounaise. Un certain Maurice Njoumé qui s’est fait connaître au début des années 90 avec les titres « Aissatou » et « Maimouna ». Mais qu’est ce qui peut bien expliquer ce coup de sang ?

Voici ce qu’il disait au moment des faits : « Ma maman est Baloum, mon père est un Bamenda. Je ne sais pas ce qui s’est passé, il a offert un lopin de terre à ma maman que j’ai bâti. Maintenant ça fait problème, puisque les autres disent que je suis bamenda. Tous les jours ce sont des injures de la part de mes autres frères, on n’a pas le même père. Ils me disent : » tu fais tes besoins sur toi, quand tu bois tu urines sur toi, tu es un bamenda, tu dégages de chez nous, tu n’es pas chez toi ici », alors j’étais fatigué ».

Ainsi donc, emporté par la colère il aurait commis cet acte pyromane en réponse à ceux qui le traitaient de « Bamenda » comme si être « Bamenda » est une injure. Voici donc un aperçu des comportements xénophobes qui sont véhiculés à l’endroit de nos frères originaires des Régions anglophones du Cameroun. Ironie du sort, Maurice Njoumé qui n’a pas connu son père va apprendre très tard que son père n’était pas de Bamenda mais un bassa de douala à Ndokoti (Wouri).

Lui qui a été persécuté une bonne partie de son enfance parce qu’on le disait originaire de Bamenda a été très avance sur ce qu’on appelle aujourd’hui la « crise anglophone ». Si on l’avait écouté peut-être les choses auraient été différentes aujourd’hui. Le musicien a été très en avance sur les politiciens.

En effet, dès la parution de son album « Sunshine » en 1999, il compose le titre « anglophone » dans lequel il appelle à l’unité : « Que se passe-t-il pour que mes frères et sœurs luttent entre eux ? Le Nord-ouest et le Sud-ouest ont beaucoup de problèmes. »

Pour Maurice Njoumé, l’union fait la force, l’unité c’est le pouvoir. Ensemble on est plus fort mais désunis on va périr. L’unité c’est le progrès. L’artiste rappelle que nous sommes tous les enfants d’une même mère. Il nous exhorte à oublier le passé et de penser au futur. Malgré nos divergences religieuses et politiques, nous partageons la même culture.

Dans cette chanson, il cite et rend hommage à des grandes figures anglophones de différents domaines. Une chanson ponctuée par moment par l’hymne national du Cameroun en fond sonore.

Voici le lien pour écouter ce titre : https://www.youtube.com/watch?v=9VfqE3FhiSg

Quelques années après le début de la guerre au Nord-Ouest et au Sud-Ouest, il a exhumé ce titre et a fait une vidéo pour appeler à la paix au NOSO.

Les vrais artistes sont le thermomètre de l’état de santé d’une société. Ils sont le pouls de la société et véhiculent très souvent à travers leur chanson, ce que vit le peuple. Le politique gagnerait à écouter ces artistes proches du peuple.

Source: Arol KETCH

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