Calvino( Nlo’Kon)

De son vrai nom MENGUE ONDOA Etienne Calvin, Calvino est un artiste de génie qui a marqué la belle époque de la musique camerounaise à travers des titres phares comme : « Elone », « Ntabenlam » etc.

Calvino est né à l’extrême nord du Cameroun dans la ville de Yagoua. Il est originaire du Sud Cameroun, département de la vallée du Ntem.

Des surnoms, il en a collectionné : « le bon blanc du sud », « l’albinos de la musique camerounaise », « le nassara de la musique », « le guenguerou qui chante », « Nlo Kon ». C’est ce dernier surnom qui lui collera à la peau à vie. En effet, à sa naissance, on va aller informer son père qui était absent que sa femme a mis au monde un petit garçon à la maternité. Très heureux et ému parce qu’il voulait avoir un garçon, le papa de calvino va prendre un peu d’alcool pour célébrer cela avant de se rendre à la maternité. Seulement ; arrivé à la maternité, il était un peu saoul. On lui dit alors que l’enfant est dans son berceau ; il s’approche du berceau mais ne voit pas d’enfant. Il croit alors que c’est une duperie ou alors il ne voit plus bien à cause de l’émotion.

On le rassure et on lui demande de regarder avec insistance car l’avant est bel et bien dans le berceau. En fait, il ne savait pas que l’enfant était albinos et d’autre part, l’enfant qui était tout blanc était dans des draps tout aussi blancs. Il décide alors de tâter le contenu du berceau ; en y envoyant sa main, elle se pose sur la tête d’un enfant ; tout effrayé, il s’écrie : « oooohhhh Nlo Kon ! » Ce qui signifie en langue fang-beti « la tête ou le visage d’un fantôme ». Nous sommes là, à une époque où l’albinos était mythique et il y avait trop de considérations mystiques, des préjugés au sujet de l’albinisme. Beaucoup de personnes avaient peur des albinos. Il se disait même que pour avoir des plantations fertiles, il fallait y enterrer des cheveux d’albinos, il se disait aussi que pour avoir de la richesse, il fallait donner un enfant albinos en sacrifice.

Calvino est né dans la musique. Dès l’âge de 5 ans, il joue déjà avec perfection les instruments traditionnels (les balafons, le nkul, le ngom etc.) A à peine, 8 ans il est déjà maître balafoniste dans la chorale de l’église du village (EPC). Son génie force le respect et tout le monde est en admiration devant lui.

Du fait de son albinisme, il a subi de nombreuses discriminations et fut un « objet » de curiosité lors de ces premiers passages à la télévision. En effet, à ces premiers passages à télévision nationale, les gens accouraient pour regarder la télé afin de voir cet « albinos qui chante ». En effet, à ses débuts, les gens n’étaient même pas intéressés par ses chansons ; ils voulaient juste voir ce qui était une curiosité pour eux : « un nguenguérou qui chante et qui danse ; du jamais vu ! ». C’est derrière l’albinos que les gens ont découvert l’artiste et que les préjugés ont commencé à tomber. Calvinos fait partie des tous premiers artistes à enregistrer à la CTV et à passer à la télévision. On se souvient encore de ses passages et de ses prestations anthologiques dans l’émission Télépodium d’Elvis Kemayo.

Il a beaucoup souffert à cause de son albinisme. Il arrivait que lorsqu’il entrait dans un taxi, tous les passagers descendaient. Il raconte qu’à l’époque où la SOTUC fonctionnait encore, à chaque fois qu’il montait dans le bus et voulait d’assoir à côté d’un passager, celui-ci se levait pour éviter de s’assoir à côté d’un albinos.

Petite pensée pour tous les albinos qui sont persécutés en Afrique et dans le monde. Nous devons faire preuve de beaucoup de maturité, d’intelligence, de tolérance. Combattons l’ignorance et la bêtise avec cette chose qu’on appelle l’amour.

Source : Arol KETCH

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