ESSINGAN : Cri de Ralliement lancé aux élites politiques Beti

Plusieurs artistes ont utilisé la musique à de des fins politiques. Certains artistes l’ont utilisé pour exprimer leur loyalisme politique ou ethnique. C’est le cas de Fam Ndzengue.
Fam Ndzengue est vraisemblablement l’un des plus grands paroliers et narrateurs de l’histoire Bikutsi. Un génie, un talent à l’état brut.

Son titre “Essingan” est un cri de ralliement lancé aux élites politiques béti pour faire face aux assauts des tribus adverses ; il appelle les betis à faire bloc autour de Paul Biya. Lors des élections de 1997, John Fru Ndi semble incarner un véritable danger pour le Candidat Paul Biya. D’autant plus que John Fru Ndi avait été considéré par plusieurs comme le véritable vainqueur de l’élection présidentielle de 1992.

Fam Ndzengue est choqué par l’attentisme de ses frères betis face au danger qui plane sur leur pouvoir politique. D’autant plus que plusieurs frères Betis ont décidé d’affronter Paul Biya : Titus Edzoa a démissionné du gouvernement pour poser sa candidature à l’élection présidentielle camerounaise de 1997 et Ayissi Mvodo est prêt à Challenger le candidat Biya en interne ; du jamais vu depuis l’arrivée de Paul Biya au sommet de l’Etat.

Jamais son pouvoir n’avait été tant contesté au sein de son propre groupe ethnique. Fam Ndzengue est persuadé que ces divisions créeront un déluge ; il appelle à une mobilisation des troupes :
« Que se passe-t-il chers Beti, est-ce le déluge ?
ô Beti, je vous invite à vous serrer les coudes , à parler d’une seule voix. »

Il invite toutes les principales élites politiques Béti qu’il interpelle nommément à faire corps pour préserver le pouvoir politique qui appartient aux Beti : Biya Bi Mvondo, Titus Edzoa, Joseph Owona, Etienne Nsama, Charles Doumba, Gervais Mendo Zé, Joseph Mpélé, Nkoah Atangana, Essama Toto, Pierre Semengué etc

Finalement grâce aux manigances du pouvoir, les principaux partis d’opposition dont le SDF boycottent le scrutin, ce qui permet à Paul Biya d’être réélu très largement avec un score de 93%. Son plus grand plébiscite jamais égalé.

Notons que « ESSINGAN » désigne aussi une nébuleuse constituée de plusieurs élites politiques Beti dont le but est de défendre et de préserver à tout prix, le pouvoir politique. Sinon, à la base, « ESSINGAN » est un arbre sacré très rare qu’on retrouve au Cameroun.

Fam Ndzengue est une véritable étoile filante de la musique Camerounaise. Il est décédé précocement à seulement 35 ans. Notons qu’il a été abandonné par l’élite politique beti qu’il avait pourtant fait danser.

Le titre « Essingan » que nous avons évoqué ici, ne résume pas la carrière de l’artiste. Il faut reconnaitre ici que c’était un génie, très grands paroliers puissant ses ressources au plus profond des traditions bantoues ; un bikutsi pur proche du bikutsi originel traditionnel.

Très précoce, il fut un excellent artiste. Il avait un style unique : une synthèse de bikutsi, elak, koué, esani, ekang ; ce qu’il appelait alors « Super Oguet ». Il laisse plusieurs titres à la postérité : Olun, tourne ampoule, Za Ayi begele ma etc

Pour écouter le titre ESSINGAN, cliquez ici : https://www.youtube.com/watch?v=KDdPlogBbLM

Dr Arol KETCH- 23.01.2020
Fourmi Magnan égarée

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