Hommage à Nkembé Pesauk

Nkembé Pesauk l’homme qui a longtemps incarné la musique au Cameroun, nous a quittés à la veille de la fête de la musique. Il est certainement l’un des plus grands esprits de l’histoire de la musique camerounaise.

Nkembé Pesauk est un personnage pluriel : artiste, musicien, producteur, arrangeur etc. il accumule un nombre incalculable de casquettes. Il a été un membre influent du YUM (Yaoundé University Music) et s’est notamment illustré en composant les hymnes des coupes d’Afrique 1984, 1986 et 1988.  C’est aussi le père du fameux groupe d’enfants “Rrumtah” et maison d’édition SOYOKO; un projet futuriste.

Sur le plan musical, Nkembe Pesauk est un autodidacte doté d’une oreille musicale sensible et exceptionnelle. Et c’est dès l’enfance que tout cela se manifeste. A peine âgé de 4 ans, il est déjà capable d’écouter une chanson ; et après la première écoute, de la chanter intégralement en reproduisant les différentes harmonies et sonorités. Ce qui attire l’attention de son entourage et du voisinage qui lui demandent de leur chanter leurs chansons préférées. L’oreille absolue.

Il se passionne pour la musique dès l’enfance et cultive ce don musical. Parallèlement à ses études, il fait de la musique. Il apprend à jouer de la guitare et dès l’âge de 17 ans, il est déjà un maître dans l’art de jouer à la guitare.

Nkembe Pesauk Roger intègre l’université de Yaoundé I en 1971 dans l’optique de poursuivre des études en Mathématiques et Physique-Chimie. Après les cours, il rejoint ses copains musiciens pour travailler et se perfectionner. La musique occupe une place importante dans cette université qui compte deux orchestres ; lesquels orchestres offrent régulièrement des prestations remarquables pour le bonheur des étudiants, du corps enseignant et même des curieux.

Au regard du foisonnement des talents que regorge cette université, Nkembe Pesauk en visionnaire qui aime rassembler, à l’ingénieuse idée de faire fusionner les deux orchestres pour n’en faire qu’un seul. Son idée séduit et convainc ; c’est ainsi donc que les deux orchestres vont fusionner et c’est ainsi que voit le jour en 1973, l’orchestre dénommé  « YUM » ce qui signifie “ Yaoundé University Music”. Nkembe Pesauk s’impose alors naturellement comme l’un des meilleurs musiciens du pays. Avec le “YUM”, il enchainera des manifestations et spectacles dans tout le Cameroun.

Nkembe Pesauk ne va pas se limiter au “YUM”. A cette époque-là, les cabarets sont les lieux par excellence d’apprentissage de la musique. A Mvog Ada se “ Le Philanthrope”, l’un des cabarets en vogue de la ville de Yaoundé. C’est « The place to be !!». S’y côtoie le gratin de la musique camerounaise. Nkembe Pesauk y fera ses classes. Il va y côtoyer des illustres musiciens parmi lesquels on peut citer l’excellent guitariste Constantin Abel Ambassa dit Moustick Ambassa,  l’ingénieur de son Ambroise Voundi, Jimmy Mvondo Mvelé dit « Jimmy Sax », Tete Fredo Ngando, John Leng Ebongue,  Edouard  Nkoumbele,  Siméon Aldo Angoula, Jean Marie Tang, Georges SEBA etc.

Sa licence en poche, il va obtenir une bourse et s’envoler pour les Etats -Unis où il va obtenir un diplôme d’ingénieur en environnement puis travailler dans ce secteur d’activité, et  ensuite revenir au Cameroun dans les 80 pour travailler à réaliser un rêve qui lui tient à cœur : “RÉUNIR TOUS LES CAMEROUNAIS, TOUTE TRIBU CONFONDUE, AUTOUR DE LA MUSIQUE”.

Cependant aux Etats-Unis, il va prendre la peine d’étudier le modèle américain. Il découvre les “JACKSON FIVE”, et voit en ce concept d’enfants chanteurs un modèle à reproduire en Afrique. Il a en tête de créer un groupe similaire qui va conquérir l’Afrique et le monde.

Ses années d’études en environnement terminées aux Etats-Unis, Nkembe Pesauk revient au Cameroun et crée le groupe Groupe “RHUM-TAH”, pour permettre à sa fille Ahri Yell  au “ grand cri” d’apprendre à chanter, avec sa sœur Laya qui elle aussi a une très belle voix . Il voulait aussi que ses filles ne se sentent pas seules. Il a eu l’idée de faire un casting autour de lui parmi les enfants de ses amis et quelques membres de la famille dont son neveu Djoya Guy Bolivar. Le groupe était constitué de 7 membres au départ mais au final, il n’ y a que 5 qui ont été retenus.Voilà comment le groupe RHUM-TAH est né.

Le groupe était composé de Ahri Yell, Linda, Laya, Nadiya et Njoya Guy Bolivar.

Ce groupe était bien parti pour conquérir toute l’Afrique et pourquoi pas le monde; leurs chansons ont été des succès qui ont dépassé les frontières du Cameroun.

Nkembe Pesauk est le fondateur de la maison d’édition SOYOKO.

Nkembe Pesauk a le don pour composer les hymnes. Il est celui qui a composé les meilleurs hymnes en vue d’accompagner les lions indomptables à différentes compétitions. Ses hymnes sont anthologiques.

En 1986, sa chanson «Coupe D’Afrique des Nations», un hymne instrumental spécial dédié à l’équipe nationale de football du Cameroun lors de la Coupe d’Afrique des Nations 1986, a atteint le sommet des classements et est restée à ce jour l’un des airs instrumentaux les plus reconnaissables de la nation. Nkembe Pesauk a immédiatement récidivé avec «Subahanalaye» en 1987, une autre chanson à succès de «SOYOKO ONE». Et le titre “Affaire à suivre” a été composé dans l’expectative de la coupe du monde 1990.

Nkembe Pesauk a également  révélé des jeunes valeurs montantes de la musique camerounaise comme Yolande Ambiana,le groupe de musique Gospel : LES BIYOVA, le groupe STAR SYSTEM, Chris BADD  ou encore Rachel Mimbo.

On note son empreinte sur le titre “Kunde” qui va permettre à Yolande Ambiana de remporter le Grand Prix Découvertes RFI  en 1988.

Nkembe Pesauk a produit, dirigé un peu plus de 10 albums Gospel.

On le retrouve actuellement dans la production des chansons religieuses. Il a notamment arrangé les albums religieux de Coco Bertin et Odile Gilberta Ngaska.

Kioki Music One est son premier album de musique chrétienne.

Nkembe Pesauk est décédé ce 20 juin 2022.

Arol KETCH – 20.06.2022

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