Portrait : Qui est Maurice Njoume ?

Maurice Njoume est un guitariste, auteur-compositeur camerounais qui s’est brillamment illustré dans le Makossa. Il est l’auteur des titres à succès « Maïmouna » et « Aissatou ».

Né à Mbanga-Kumba, il a eu une enfance très difficile dans la pauvreté. Il met une chaussure pour la première fois alors qu’il est âgé de 15 ans. C’est au même âge qu’il va boire son premier pot de yaourt. C’est pour dire le niveau de dénuement dans lequel il a vécu durant son enfance.

C’est sa mère qui lui transmet le virus de la musique car cette dernière chantait dans les chorales et animait les soirées.

Il se passionne pour la musique dès l’enfance et commence à se produire en concert avec son frère aîné ( Njoumé Eitel).

Il commence ses études à Mbanga, sa ville natale. Ensuite, il ira à Bamenda. Ses études vont le mener à Kumba ( National School de Kumba) où il va obtenir son bac.

Il fabrique lui-même sa première guitare avec du bois et des fils de fer.

Il a plusieurs cordes à son arc. Il est aussi un très bon menuisier et tapissier. Pendant qu’il était à l’école, il faisait la menuiserie. Il a multiplié un nombre incalculable de petits boulots pour gagner sa vie : menuisier, creuseur de tombes, défricheur de plantations etc.

Maurice Njoumé a vécu pendant 3 ans au Nigeria où il était étudiant à l’université d’Ibadan. Pendant son cursus universitaire, il était cuisinier dans un hôtel. Parallèlement à tout cela, il jouait de la musique la nuit tombée. Il en sortira nanti d’une licence en droit privé. Il a quitté précipitamment le Nigeria parce qu’après avoir mangé un jour par inadvertance la chair humaine.

C’est Lapiro de Mbanga qui l’a poussé à devenir un artiste et à faire de la musique. C’est lui qui lui met le pied à l’étrier. Ensemble, ils feront plusieurs spectacles dans la Région ( Mbanga, Penja, Loum etc.).

C’est Kotti François qui le fera venir à Douala pour jouer de la musique. Kotti sera en quelque sorte son mentor. Grâce à lui, il fera plusieurs cabarets.

En 1988, Kotti va l’emmener en France pour l’enregistrement de son disque. Maurice Njoume part en France pour la première fois grâce à Moni Bilé qui avait fait une tournée en Angola. Étant donné que l’Angola ne partageait pas de frontières avec les pays africains, il a dû passer par la France.

C’est l’album “Maimouna” et le titre éponyme qui va révéler Maurice Njoumé au grand public en 1989. Maïmouna est une chanson très triste. C’est une histoire vécue. Cette chanson raconte un choc violent qui a marqué Maurice Njoumé. Maïmouna était sa toute première petite amie dont il était follement amoureux. Cette dernière l’avait acceptée malgré ses conditions de musicien débrouillard. Un jour, cette dernière était venue lui rendre visite; au moment de rentrer, celle-ci décéda dans un violent accident de circulation. Emportée par la douleur et la tristesse, Maurice Njoumé va composer cette chanson en hommage à ce premier amour. Il y dit notamment ceci : “ De toutes les femmes que j’ai rencontrées sur cette terre, ce n’est que Maïmouna que j’ai aimée mais les mauvais anges me l’ont enlevée. Je vais te pleurer “Maïmouna”, jusqu’ à la fin de mes jours”.

—-arol ketch ———

Cette chanson a été produite par Toto Guillaume. En 1988, Toto Guillaume est en voyage au Cameroun, il en profite pour écouter les maquettes de ce qui se fait sur place. Il va tomber sous le charme du titre “Maïmouna” et va décider de produire l’album. Dans l’orchestration de cet album, on retrouve Toto Guillaume aux arrangements et à la guitare, Maurice Njoume lui-même à la guitare, Aladji Touré à la Basse, Guy Bilong et Jojo Kuoh à la batterie, Coco et Grace Decca aux chœurs, Justin Bowen aux claviers.

Maurice Njoumé se fait remarquer par son look particulier; des cheveux défrisés, le curly. Un look copié chez des artistes internationaux comme James Brown ou Michael Jackson . Grâce à lui, ce look a longtemps été à la mode au Cameroun.

Il est surtout un excellent guitariste au talent internationalement reconnu. Il a joué avec les plus grands : Boncana Maiga, Aicha Koné, Abeti Masikini etc.

Nous lui devons plusieurs albums à succès : Maïmouna (1989), Maurice Njoume (1991), Aminata, ‏Sunshine etc.

Il a été victime d’empoisonnement à plusieurs reprises. Il a toujours dénoncé la sorcellerie, les pratiques mystiques et ésotériques dans la musique camerounaise.

Avec l’extinction de sa carrière musicale, il a œuvré comme directeur artistique pour des structures et a apporté son expertise au concours national de la chanson des brasseries du Cameroun.

Il se consacrait à ses nombreuses plantations. En 2020, il est revenu sur la scène musicale avec son album “Unity” produit par Alpha TYIAM. Le titre phare “Unity” fait échos à la situation actuelle que traverse le Cameroun avec la crise anglophone. A travers cette chanson, il appelle à l’unité.

Maurice Njoume nous a quitté ce 18 juin 2022 des suites de maladie.

Que la terre de nos ancêtres lui soit légère !

Je dresse son portrait dans le tome 2 du livre « Les icônes de la musique Camerounaise »

Arol KETCH – 18.06.2022

Rat des archives

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