K-TINO – la femme du peuple

Surnommée “la femme du peuple” elle est une grande voix du Bikutsi. Elle a apporté une dimension très sensuelle et érotique dans le Bikutsi.

De son vrai nom Catherine Edoa Ngoa, K-Tino est née le 12 octobre 1966 à Yaoundé. Elle a aussi reçu l’appellation “Nkou” qui signifie le sel.

K-Tino a grandi dans un milieu confessionnel, plus précisément chez des religieuses au quartier Nlongkak à Yaoundé puis à Makak. Elle chante à la chorale alors qu’elle est à l’école catholique de Nkol Eton. K-Tino a aussi joué au football dans sa jeunesse.

Elle fait ses débuts en tant que chanteuse et côtoie notamment Zanzibar des Têtes Brûlées ( Epeme Zoa Théodore).

A la fin des années 80, elle apprend à chanter à Escalier bar et à Chacal Bar. A la mort de Zanzibar, elle intègre le groupe “les zombies de la capitale” groupe avec lequel elle évoluera jusqu’en 1991.Elle se fait appeler “Cathy d’Atacho”. Cathy étant un diminutif de son prénom “Catherine” et “Atacho” étant le nom de son frère aîné qu’elle aimait beaucoup.

Elle entame par la suite une carrière solo en se produisant régulièrement au cabaret “le chalet”.

Elle est alors soutenue par Ange Ebogo Emerent, Tino Baroza, Beauregard et l’arrangeur Yorrick. Il faut noter que ces noms ont joué un rôle essentiel dans sa carrière.

En effet, son premier album “Ascenseur” est arrangé par Ange Ebogo Emerent.

Son nom d’artiste, elle doit à Tino Baroza. Tino Baroza a évolué dans plusieurs cabarets dont le cabaret “Le Chalet” où il accompagne K-Tino.

Tino Baroza et Catherine ont longtemps filé le grand amour.

Lorsque Edoa Ngoa Catherine réalise son premier album (Ascenseur) en 1991 ; elle cherche désespérément un nom de scène ; c’est alors qu’Ange Ebogo Emerent, l’arrangeur de cet album lui propose comme nom de scène “Catino” ; une combinaison de la première syllabe de son prénom « Catherine » et du nom d’artiste de l’homme qui partageait sa vie « Tino Baroza ». Connue au début en tant que “Catino”, elle prendra ensuite le nom de “K-Tino”.

Son album “Ascenseur” fera beaucoup parler. Le titre éponyme parle d’un ascenseur qui à la tête d’un canon, dur comme un pilon. Il présente l’image de quelque chose qui monte et qui descend.

Dès la parution de cet album, elle fait déjà l’objet de vives critiques à cause du style excentrique qu’elle a adopté et surtout du fait des paroles plutôt osées de ses chansons renvoyant généralement au sexe.

La presse trouve qu’elle dévalorise la “femme éternelle” en la mettant pratiquement à nu et de l’autre côté, elle ridiculise l’homme dans “ Ascenseur”.

Ce à quoi K-Tino répond : “ Je ne fais la part belle à personne. Je fustige d’un côté l’idée que l’homme se fait de la femme : un objet de plaisir , soumis à ses caprices. Et de l’autre, je me moque de l’homme “ le maître” qui se fait tout petit quand il est en “situation”. Quel paradoxe ! Quand on sait que tout cela s’accompagne de supplications, de pleurs, de promesses et j’en passe…”

C’est l’album “Ascenseur” qui la révèle au grand public mais bien avant, elle avait réalisé un premier album avec les Zombies de la Capitale dont un duo remarqué avec Essama Elysée. Un album qui a vu les touches de Simba Daniel et Roger Star.

K-Tino revient en 1993 avec l’album “thermomètre”. Elle reste dans le même registre.

Dans cet album, on peut apprécier la dextérité de Tino Baroza à la guitare. Et comme danseurs, on note la présence de Richard Amougou et feu Véronique.

En 1995, paraît “Casse Bambou”. K-Tino s’impose progressivement comme une valeur incontournable du Bikutsi. Elle inspire plusieurs femmes et les femmes sont désormais motivées à se lancer dans le Bikutsi. Un terrain jusque-là essentiellement occupé par les hommes. Fort de son succès, K-Tino fait vaciller l’hégémonie des hommes et ce n’est qu’un retour à la juste réalité des choses. Puisque aux origines, le Bikutsi a été créé par les femmes. Par la suite, il a été récupéré et monopolisé par les hommes.

K-Tino est très productive, pour chanter, elle s’inspire de son quotidien, de ses blessures, des déceptions, la colère, le rejet.

D’une grande constance, elle va enchaîner avec régularité plusieurs albums au fil des années : La Petite Adada (1998), Viagra – Baisse-toi (2000, JPN Paris)

Ekobo (2000), Égalité Oblige (2000), Action 69 (2001, Nkulnnam NKL18), Ekargator (2002, Nkulnnam NKL1), Ne pousse pas… le bouchon loin (2003, avec le Quartier Poto-Poto, Nkulnnam CDNKL 055), Poto-Poto ((2003, avec le Quartier Poto-Poto)), Best of Vol. 1 (2003), 7e ciel (2006), Gueguené (2009), Atacho (2011), La danse Bankalisée (2010).

Notons que K-Tino a été censurée pendant près de 10 ans notamment par les médias qui trouvaient ses chansons obscènes.

Après avoir fait un bilan personnel, elle décide “ d’arrêter de faire certaines choses” et devient évangeliste pour témoigner la gloire de Dieu dans sa vie et annoncer la bonne nouvelle.

Après une petite pause, elle fait un come-back remarqué en 2018 à la faveur d’une collaboration avec l’artiste Mani Bella. Le titre “ Le secret de mama” marque le retour de celle qui se fait désormais appeler “la Mama” par ses fans. Elle est aussi surnommée “mama bonheur”.

Toujours en 2018, elle revient avec le single “Wata Fufu”.

K-Tino a côtoyé et travaillé avec plusieurs grands noms du Bikutsi : Messi Martin, Elanga Maurice, Ange Ebogo Emerent, Marco Nkodo, Beti Joseph, Aloa Javis, Sala Bekono, Meyong Ambroise, Roger Star, Mama Ohandja, Zélé le bombardier, etc.

Quelle est votre chanson préférée de K-Tino ?

Son portrait détaillé dans les icônes de la musique Camerounaise.

Arol Ketch – 23.08.2023

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