Manu Dibango et son grand ami Hervé Bourges

Il y a des amis sur qui on peut compter toute la vie. Il y a des amitiés sincères et fidèles qui durent toute une vie et résiste à l’épreuve du temps, à l’adversité. L’amitié entre Manu Dibango et Hervé Bouges fait partie de celles-là. Nés la même année, ils sont morts la même année ; à un mois d’intervalle. Le destin sait si bien faire les choses.

Hervé Bourges a un parcours riche qui force le respect et l’admiration. Son histoire d’amour avec le Cameroun commence très tôt puisque c’est lui le fondateur de l’École supérieure de journalisme de Yaoundé (aujourd’hui ESSTIC) qu’il va diriger en 1970. Son ascension sera fulgurante ; il a occupé tous les postes de responsabilité imaginables pour un journaliste : Directeur de l’École supérieure de journalisme de Lille , Patron de Radio France International (RFI), Patron de TFI ( première chaine d’Europe), Patron de Radio Monte-Carlo (RMC), Patron d’Antenne 2 et de FR3 ( devenue France 2 et France 3 sous sa présidence), ambassadeur de France auprès de l’Unesco, Président du CSA ( Conseil Supérieur de l’audiovisuel), président de l’Union internationale de la presse francophone.

Il est le seul homme au monde à avoir été à la tête d’autant de médias dans un même pays.

Manu Dibango et Hervé Bouges étaient des complices inséparables. Une amitié sincère. Manu Dibango considérait Hervé Bourges comme étant son ange gardien. En effet, celui-ci a toujours veillé sur Manu Dibango et l’a toujours encouragé dans ses différents projets. A titre d’exemple, lorsque Manu Dibango décide de retourner au Cameroun avec pour ambition d’ouvrir un club ; c’est en réalité son ami Hervé Bourges qui se cache derrière ce projet. Manu ouvre le club et il marche très bien aux débuts ; mais la jalousie et la méchanceté de ses compatriotes feront couler le Club ; ceux-ci vont lancer la rumeur selon laquelle il y aurait des « médicaments » dans le club de Manu.

Lorsqu’Hervé Bourge devient patron de la télévision publique française en 1990, il pense aussitôt à son bon ami Manu Dibango et lui offre la direction d’une émission alliant musique et culture : « Salut Manu ! ». Cette fameuse émission animée par Manu va durer 2 ans. Manu va profiter de cette tribune pour promouvoir « les musiques du monde », donner du travail aux minorités et révéler de nouveaux talents.

Devenu le premier président du Conseil supérieur de l’Audiovisuel (CSA) en 1995, Hervé Bourges sollicitait toujours les conseils de son vieil ami Manu Dibango notamment sur la représentativité des diversités à la télévision française. Dans l’ombre d’Hervé, Manu a permis de mettre en valeur plusieurs journalistes et animateurs noirs ; et ça, il ne l’a jamais réclamé. Denise Epoté qui est aujourd’hui directrice de TV5 Afrique et que Manu Dibango entraînait souvent avec elle dans des réceptions du CSA en sait quelque chose. Alain Foka, journaliste très proche d’Hervé Bourges, sait aussi ce que Manu Dibango a fait dans l’ombre pour les journalistes et les artistes noirs en France.

Voici la réaction de Manu Dibango à la mort d’Hervé Bourges : « A toi mon vieux frère, je ressens une peine immense pour ton départ ». Manu ira rejoindre son vieil ami de toujours dans le royaume des morts quelque temps après.

Hervé Bourges c’est aussi l’Histoire du Cameroun. Cet homme qui a côtoyé les Présidents Ahmadou Ahidjo et Paul Biya a joué un rôle non négligeable dans l’Histoire du Cameroun ; ceci lui vaudra d’ailleurs même des attaques bien ciblées de l’écrivain engagé MONGO BETI. Mais çà, c’est une autre histoire ; toute une histoire. On en reparlera….

Source: Arol KETCH – 24.07.2020

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