Nicolas Pasteur Lappé

Semaine spéciale Makossa Disco-Funky

La variante Disco-Funky est l’une des fusions les plus intéressantes que le Makossa ait reçu. Tout au long de cette semaine, nous allons mettre en valeur les artistes ayant embrassé avec virtuosité ce courant.

Comme vous le savez certainement, le Makossa est le résultat d’un syncrétisme.

Le Makossa est donc le résultat d’une influence à la fois interne et externe. S’il fallait synthétiser le Makossa en une formule mathématique, cela pourrait être :

Bolobo + Essewé + Assiko + Rumba Congolaise + Merengue + High-life = Makossa

En effet, le Makossa originel s’est par la suite diversifié et s’est adapté aux rythmes en vogue au fil des époques. C’est ainsi que vers la fin des années 60, le Makossa s’est enrichi en intégrant des éléments de « funk » résultat de l’influence Funky-disco. Le mouvement funky-disco a techniquement influencé le Makossa au niveau des cuivres, du jeu de basse, du beat de la batterie et aussi de l’onomastique (de nombreux artistes ont adopté des noms américains et le look qui allait avec).

Nous allons commencer cette petite semaine par un artiste au look de Dandy qui est souvent oublié. Il s’appelle Nicolas Pasteur Lappé ; il est le père de ce qu’il a appelé le « Sékélé Movement ». Voici une autre étoile filante de la musique Camerounaise ; en seulement 3 ans, il a réalisé l’essentiel de tout ce qu’on retient de son œuvre aujourd’hui.

Pasteur Lappé est né en 1953 dans une famille très pieuse. Il embrasse très tôt le chemin de la foi. Il chante dans la chorale de l’église.

Pasteur Lappé fait son apparition sur la scène publique au début des années 1970 comme Dj et animateur à la radio adèle de Douala. Il quitte cette radio en 1976 pour poursuivre ses études en France. En effet, il est passionné par le journalisme et a travaillé au sein du journal la Gazette à Douala. C’est là-bas qu’il a élargi son carnet d’adresses et deviendra ami avec plusieurs musiciens en vogue de l’époque au Cameroun et en Afrique : Joe Mboulè, André Marie Tala et même Fela Kuti.

Il débarque à Paris avec dans sa gibecière un recueil de poèmes (chansons nègres) et quelques chansons écrites ; mais il doute encore de son talent. C’est sa rencontre avec Jean-Marie Ahanda qui lui fera prendre conscience de son immense talent. En effet, c’est Ahanda qui le pousse à produire son tout premier single « sekele movement ». Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maitre. Le single connait un succès retentissant en Afrique, en Amérique mais aussi en Jamaïque. Aussi surprenant que cela puisse paraître, les jamaïcains ont beaucoup aimé le sékélé movement et il n’est pas rare de l’écouter encore aujourd’hui dans les rues de Kingston.

Chanteur de charme à l’allure de playboy, repérable grâce à sa coiffure afro et sa cigarette au coin de la bouche, il a incarné à ses débuts un courant important du Makossa. Pasteur Lappé aimait particulièrement son corps et accordait un intérêt particulier à son apparence physique. Jean-Marie Ahanda qui l’a connu personnellement m’a raconté comment Pasteur Lappé passait souvent un nombre incalculable de temps à se regarder dans la glace. C’était un tombeur. Il aimait la gente féminine et elle le lui rendait bien.

C’est dans les années 70 qu’il commence ce qu’on a appelé la « musique électronique rythmique ». Point particulier, il chante en plusieurs langues : français, bassa, anglais, pidgin etc. Ne souhaitant pas être cantonné à un seul type de musique, il décide de s’ouvrir et d’expérimenter autre chose.  Il souhaite faire preuve d’imagination, innover et varier les rythmes. C’est ainsi qu’il crée ce qu’il a appelé le « Sekele movement » ; une fusion de Sekele, funk, disco, afrobeat, reggae, soul et RnB. Notons aussi qu’il était très attaché à sa culture Bassa et tenait absolument à ce qu’elle puisse transparaitre dans tous ses albums. Il a ainsi composé plusieurs chansons en bassa et a voulu tourner l’assiko bassa à la sauce funky-disco.  Dans un entretien accordé à cameroon tribune en 1980 ; il annonçait son désir de vouloir faire de la musique engagée à forte tendance reggae. C’était un passionné de la musique mais aussi du journalisme. Dans une interview de 1980 accordé à Cameroon Tribune, il exprimait son désir de mettre en place un journal spécialisé dans la musique. Lequel journal parlera de l’univers musical et des difficultés auxquelles font face les artistes au quotidien. Fait original, les papiers seront écrits et édités par les artistes-musiciens eux-mêmes.

Malgré le caractère original du « Sekele movement », le concept séduisait. C’est ainsi que Pasteur Lappé était invité à se produire un peu partout dans le monde ; notamment aux USA.

Entre 1979 et 1981, il a réalisé 3 albums : We, the people ; Na man pass man ; ashiko Sékélé. Ashiko Sekele fut réalisé en featuring avec le fameux Zulu Gang (Groupe composé de Georges Décimus, Jimmy Mvondo Mvele (Jimmmy Sax), Jacob Desvarieux et Mbida Douglas).

L’homme était bien parti pour s’imposer comme le leader de vague Makossa Disco-Funky mais à la surprise générale il décide de se retirer progressivement du milieu musical.  Il trouve que la musique l’empêche de mener une bonne et paisible vie de famille. C’est ainsi que vers la fin des années 80, il s’éclipsera totalement de la scène et jusqu’aujourd’hui, très peu de personnes peuvent vous dire ce qu’est devenu ce pionnier du Makossa Disco-Funky.  Toutefois le « sekele movement » qu’il a fondé est resté dans l’histoire.

Aujourd’hui lorsqu’on se rend sur youtube pour écouter ses chansons ; celles-ci sont généralement postées par des fans occidentaux et il a une importante fan base chez ceux-ci. Pour eux, c’est un démiurge du Funk, le maitre du funk africain même s’ils ne comprennent pas les paroles de certaines de ses chansons en bassa. Allez par exemple écouter le titre « Na Real Sekele Fo Ya » ou encore « AS Far I Can Remember ». Dans le milieu des collectionneurs des vinyles, ses disques sont très demandés à travers le monde.

Nicolas Pasteur Lappé est aujourd’hui oublié !! quelle ingratitude !

Qui a des nouvelles de Pasteur Lappé ? qu’est-il devenu ?

Souhaitez-vous savoir les origines des principaux rythmes du Cameroun ? savez-vous l’histoire du Makossa ? du Bikusti ? du Bend-Skin ? de l’Assiko ? de l’Ambass-Bey ?

Souhaitez-vous connaitre la vie et les parcours des artistes qui ont opté pour l’option Makossa Disco-Funky ?

Les réponses dans le livre : Les icônes de la musique Camerounaise.

Contacts pour l’avoir depuis le Cameroun

Yaoundé : 6 96 83 86 60

Douala : 6 55 51 37 31

Le livre est aussi disponible à la librairie des peuples noirs à Yaoundé, Montée SNI.

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Mail : leseditionsdumuntu@gmail.com

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Arol Ketch, Edéa le 29/07/2019

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