Quand MICHAEL JACKSON, RIHANNA et BUSTA RHYMES plagiaient Manu Dibango

En 1972, le Cameroun organise la première coupe d’Afrique des nations de son histoire, grand événement footballistique. Pour marquer le coup, Manu demande une audience au ministre des Sports et propose qu’on lui débloque des fonds pour enregistrer une composition de son cru en guise d’hymne.

Le ministre lui remet la modique somme de 1 million de Fcfa destinés à réaliser son 45 tours et lui demande de faire preuve de patriotisme. Manu se précipite à Douala pour annoncer la bonne nouvelle à son père. Le père de Manu Dibango, subjugué et interloqué, murmure alors à l’oreille de son épouse : « Il y a des choses qui se passent dans ce pays. Le Président a donné un million à ton fils pour aller faire du bruit. »

L’hymne composé (avec le poète camerounais Eno Belinga) paraît en 45 tours ; cependant, il manque un titre pour la face B du 45 tours. De manière hâtive et désintéressée, Manu Dibango compose Soul Makossa. Il ne sait pas alors qu’il vient de composer le tube qui fera sa gloire et lui donnera la fortune. Lorsqu’il répète ce titre dans la case familiale, son père s’en étonne : « Tu ne peux pas prononcer Makossa comme tout le monde, tu bégaies. ‘’Mamako Mamasa’’. Tu crois qu’ils vont accepter ça à Yaoundé ? ». Après écoute de ce titre, le comité d’organisation n’est pas satisfait : « Vraiment, Manu devient fou. Qu’est-ce qu’il lui prend de bégayer comme ça ? » . Le Cameroun est éliminé par le Congo en demi-finale et les supporters en furie cassent le disque jubilé en morceaux. Manu rentre à Paris et s’envole pour une petite tournée en Algérie avec son complice Gerry.

Quelques américains en visite à la maison de disques Decca embarquent le 45 tours contenant Soul Makossa et réussissent à le passer sur les radios aux Etats-Unis. Le titre plaît et séduit. Il se vend à des millions d’exemplaires. La face B deviendra un tube au point d’éclipser la Face A qui était censée être un hymne promis à un succès. Qui se souvient encore de la Face A ? Personne ! Funeste destinée d’un hymne. Soul Makossa rencontre un immense succès au pays de l’Oncle Sam ; devant cette évidence, une tournée d’un mois est organisée aux Etats-Unis en 1973 par Atlantic en collaboration avec Decca.

L’Amérique qui était un mythe pour Manu Dibango est devenue une réalité en quelques jours. Ce sera une tournée triomphale : 40 000 personnes au Yankee Stadium, 35 000 personnes au Madison Square Garden de New-York. La France commence à comprendre qu’elle abrite sur son territoire un génie que tous les autres pays lui envient. Il lui a fallu passer par les Etats-Unis pour que son talent soit reconnu en France ; le pays dans lequel il joue depuis si longtemps.

En fin d’année 1973, Manu Dibango se produit à l’Olympia. C’est un triomphe !

Fort de son succès, Soul Makossa a été notamment samplé quelques années plus tard sur Wanna Be Starting Something (album Thriller) de Michael Jackson en 1984 et en 2007, Rihanna a plagié Soul Makossa dans son titre Don’t Stop the Music.

Pour avoir utilisé sans autorisation le thème de Soul Makossa, Manu Dibango a attaqué en justice successivement Michael Jackson et Rihanna. Finalement la procédure s’est à chaque fois soldée par un arrangement financier à l’amiable.

On ne le souligne pas assez mais le titre « New Bell » de Manu Dibango sorti en 1972 a été plagié par BUSTA RHYMES avec la chanson « Keppin’ IT Tight ». Arol KETCH – 24.03.2020

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