Hommage à Nkodo Sitony

Nkodo Sitony est mort .

//les pages, les médias, les journalistes et sites internet venez copier comme d’habitude jusqu’à enlever mon nom ; je travaille pour vous

Beaucoup ne le savent pas ; mais à ses débuts Nkodo Si Tony a fait du Makossa à Douala encadré par Eboa Lottin. Il a grandi à Douala et c’est le Makossa qui guidé ses premiers pas dans la musique.

Rendons à César ce qui est à César. Icône de la musique Camerounaise, Nkodo Si Tony a opéré une révolution fondamentale dans le Bikutsi aux côtés de son arrangeur Albert Broeuks. C’est le pionnier de la « Techno-Bikutsi », un Bikusti « informatisé » ; une véritable révolution. C’est aussi lui qui a parfaitement réussi à illustrer parfaitement comme l’avait pensé Messi Martin que les claviers balafon pouvaient être remplacé par la guitare solo.

Nkodo Si Tony de son vrai nom Nkodo Si Tobie François est né en 1959 ; il est l’ainé d’une grande fratrie (7 enfants). Il est très tôt piqué par le virus de la musique, puisqu’il lui arrive souvent de faire l’école buissonnière pour aller s’adonner à la musique aux côtés des autres enfants. Il se retrouve par exemple à aller voir jouer « les blacks styl ». Il est en admiration devant les chanteurs makossa de l’époque : Nkotti François, Emile Kangue, Guy Lobé, Johnny Black, Dina Bell, Ben Decca etc.

Avec ses compères, le jeune Nkodo se fait fabriquer guitare artisanale qu’il gratte à longueur de journée. Même les coups de colère de son père (exploitant de cacao et arbitre de football) ne lui feront pas abandonner. Il a trouvé son chemin et est décidé de le suivre jusqu’au bout.

On ne le souligne pas assez mais Nkodo Si tony a été l’école d’Eboa Lotin auprès de qui il a fait ses premiers pas dans l’univers musical. Manuel N’Guisso a aussi été son compagnon de route. Très bon guitariste, Nkodo Si Tony va travailler sa voix puissante et se mettra à l’apprentissage de plusieurs autres instruments (Mvet, basse, balafon, bajo, percussions). En effet, il est séduit par le Makossa mais profite néanmoins de ses séjours au village pour apprendre à jouer aux balafons et aux tambours. Il se produit dans les cabarets de Douala au rythme du Makossa.

En 1977, son père l’envoie encaisser un chèque, il empoche l’argent et décide d’aller en aventure. Une aventure en Afrique de l’Ouest qui le conduira au Nigeria ; là-bas, il explore longuement le High-Life, l’Afrobeat, la Ju-Ju Music et autres sonorités Ibo et Yoruba. Il va évoluer aux côtés de Prince Nico Mbarga, Sonny Okusun. Tout ceci va structurer musicalement l’homme. Au Nigeria, il se fait appeler Tony Franc et publie un album en 1979 intitulé « Anatassia ».

De retour du Nigeria, il fonde son premier groupe « Les africains d’ongola » au début des années 80 ; un groupe composé des jeunes du quartier Nkoldongo à Yaoundé ; le premier LP du groupe est « Mininga Meyong Messe », un mélange de Makossa et Highlife, tourné à la sauce Bikutsi.

C’est en 1985 qu’il rencontre Albert Breuk’s, un excellent instrumentiste. Il a été un véritable pionnier grâce à maitrise de la musique assistée par ordinateur. C’est Albert Breuk’s qui a façonné le style « Nkodo Si Tony ». Véritable marque de fabrique en ces années-là : la « Techno-Bikutsi ». Un Bikutsi qui entremêle au niveau des arrangements la magie de l’informatique et de l’électronique. Pionnier de ce qu’on appelle aujourd’hui : « la musique assiste par ordinateur ». C’est le début d’un succès fulgurant. Nkodo Si Tony viendra briser l’hégémonie du Makossa dans la musique Camerounaise. En effet, en 1986, c’est Toto Guillaume qui est consacré Chanson de l’année avec « Elimbi Na Ngomo », en 1987 c’était Ndedi Eyango avec « You must calculer »

Il est sacré à deux reprises disque d’or (19988 et 1990). Notons que son album « 90 degrés de Bikustsi » à l’ombre qui est sacré disque d’or en 1988, était sorti en 1986. L’album fera deux ans avant de devenir chanson de l’année en 1988 et Nkodo Stony artiste de l’année. Notons aussi qu’il fera la promotion de cet album au début tout seul ; en sillonnant les bars ses casettes en main. Un jour, il tombera sur le journaliste Lazare Amougou qui animait une émission de variétés musicales très écoutée ; celui-cisera séduit par l’album de Nkodo Si Tony et va en assurer la promotion. C’est notamment grâce à son concours ainsi qu’à celui du journaliste de presse écrite Réné Owona que cet album connu un succès éclatant.

Avec ses deux albums qui suivront « 100% Degrés de Bikutsi à l’ombre » et « 120% de Bikutsi à l’ombre », Nkodo Si Tony a hissé le Bikutsi au firmament. Il convient aussi de relever que aussi que cet excellent guitariste a joué aux côtés de Sam Mangwana, Messi Martin, Mama Ohandja, Ebogo Emerent, Dieu Golfé, Zanzibar. Son Bikusti est particulier, on y retrouve des influences Jazzy, high life, afrobeat etc.

Nkodo Sitony a aussi évolué aux côtés de Mongo Faya (l’homme aux multiples femmes) ; c’était un père spirituel pour lui ; c’est notamment lui qui le lance à la guitare ; Nkodo était beaucoup plus aux percussions à l’époque ; c’est Mongo Faya qui le pousse à travers à un remplacement à se perfectionner à la guitare. C’est aussi Mongo Faya qui soigne Nkodo Si Tony d’une maladie mystique (Mussong) qui a failli l’emporter.

Nkodo Si Tony a par la suite quitté le Cameroun et a joué au sein d’un groupe de reggae en Allemagne avant de rejoindre la France.

Depuis la mort d’Albert Breuk’s en 1999, Nkodo Si Tony n’a plus connu les cimes du succès. Il vit aujourd’hui entre la France et le Cameroun.

Nkodo Sitony nous a quittés ce 21.12.2021 dès suite de maladie.

Arol KETCH
Rat des archives

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